Claude COLIGNON, le gentleman basketteur

Samedi dernier, Claude Colignon, l’une des figures emblématiques du STB Le Havre s’est éteint à l’âge de 93 ans. Hommage.

« Un grand gaillard, souriant et sympathique, à l’œil vif et à l’allure élégante », c’est ainsi que Lucien Follain décrivait Claude Colignon, surnommé affectueusement “Coco”, dans les pages du journal Le Havre Libre en 1953

Claude Colignon a découvert tardivement le basketball, en jouant quelques matchs amicaux avec le CS Transatlantique à la fin de la saison 1947/48.

Sa première licence fut signée la saison suivante à St Thomas, encouragé par son ami, Claude Joséphau, une autre figure de l’USST Le Havre.

Dès cette première saison, il figurait dans l’équipe Junior du Havre. Coco progressait à une vitesse folle et montrait des qualités que peu de joueurs possédaient à cette époque. En 1949/50, Edouard Barq l’intégra à l’équipe fanion de l’USST où il y fit une saison remarquable et fût retenu dans la sélection de Normandie.
 
Claude Colignon ne cesse de gravir les échelons et obtient la consécration en 1953 : Robert Busnel lui offre un magnifique voyage en Afrique Équatoriale et le retient à la suite de cette tournée pour France – Espagne, c’est là sa première sélection officielle en équipe de France. Il sera ensuite du voyage à Trieste pour Italie – France et plus tard de celui de Genève pour Suisse – France. Coco est encore sur les tablettes pour une tournée en Afrique du Nord mais il doit se désister en raison de son proche mariage.
Durant cette période, il est l’un des fers de lance de l’attaque de l’USST en 1ère division nationale sous les ordres d’Edouard Barq.
 
Après cette carrière incroyable, Claude Colignon est resté plus fidèle que jamais à son club de cœur, l’USST, où il est devenu également l’un des entraineurs les plus emblématiques.
Il prend les rênes de l’équipe première pendant de nombreuses années et entraîne avec succès énormément d’équipes de jeunes et de seniors. Ceux qui l’ont connu se rappelleront surement des entrainements dans la salle Edouard Barq quelques fois dans des conditions météorologiques extrêmes ou encore sa fameuse défense en 1-3-1 dont il était si friand.
En 1982, il guide même son équipe de cadets jusqu’en finale de la Coupe de France et est nommé entraîneur des sélections du Comité Maritime.
Sa dévotion envers le basketball lui vaut la médaille d’or de la FFBB.
 
Quand le STB jouait à la salle Beauville en Pro B puis aux Docks Océane en Pro A, Claude ne manquait jamais un match, toujours accompagné de sa femme Lydia, assis aux côtés de Claude et Monique Teurcq. Il avait le club de l’USST dans la peau.
 
En 2022, Claude Colignon a été honoré par la Ligue Régionale de Basketball de Normandie en tant que premier membre de l’Académie de Basketball normande.
 
“Coco” était un homme extraordinaire, connu pour sa gentillesse, son charisme et sa bienveillance envers tous ceux qui ont eu la chance de le connaître.

Sa présence manquera cruellement lors des célébrations prévues pour les 100 ans de « son » club.

Y.B.

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Retour sur l’interview de Coco que nous avions réalisé il y a quelques temps

Claude, que retiendras-tu de ton équipe des années 50 ?
“C’était une aventure extraordinaire ! Une équipe avec laquelle j’ai gardé des liens très étroits. Il y avait Mario Bortoluzzi, Martin, Joséphau, c’était des frères pour moi. Cela restera pour moi des années mémorables où nous étions fiers d’être dans le meilleur club de la région. Martin était un sacré “déconneur”. Nous avons tous conservé d’excellents souvenirs de ces années-là”.

Claude, quels souvenirs gardes-tu de tes sélections en équipe de France ?
“Pour moi qui avait vraiment conscience de jouer dans un petit club, c’était formidable d’être sélectionné en Equipe de France. Je me souviens que contre l’Espagne à Paris, les Espagnols avaient gardés le ballon tout le match ! N’oubliez-pas qu’il n’y avait pas la règle des 30 secondes à cette époque ! Le score final avait été minable… Pour ma deuxième sélection, j’ai joué face à l’Italie, à Triestre, dans un contexte politique difficile et là ça a été la catastrophe. Dans une ambiance électrique, les Italiens nous avaient complétement étouffé et nous avions pris une dérouillée. C’était un match vraiment épique. La dernière fois que j’ai été en Equipe de France, c’était face à la Suisse. Malheureusement pour moi, je n’ai pas joué du tout car comme le match était juste avant le Championnat d’Europe, l’entraîneur avait préféré faire jouer le groupe qu’il comptait emmener. Par la suite, j’ai refusé d’aller en sélection car comme je n’étais qu’un simple ouvrier, il était plutôt difficile de concilier basketball de haut niveau avec le travail. Les déplacements et les absences au travail faisaient que ma paie à la fin du mois était deux fois moins importante que les collègues qui travaillaient en heures supplémentaires que je ne pouvais faire à cause des entraînements de basket et à l’époque, nous ne touchions rien du tout pour le fait d’être en sélection !”

Une anecdote de tes voyages en équipe de France ?
« En déplacement avec l’équipe de France lors de la tournée en Afrique et plus particulièrement au Sénégal, je me souviens d’avoir fait un vol pour le moins scabreux… en effet, l’avion, un vieux coucou des années 30, qui était réservé aux parachutistes avait été utilisé pour transporter l’équipe ! Il n’y avait même de porte qui fermait ! Heureusement, personne n’a été perdu en vol ! »

Un dernier mot ?
“Allez St Tho !”